Un tour à vélo d’Île de France jusqu’au seuil du Poitou et retour…

Tu n’as rien à faire ? Alors, tu peux passer quelques minutes à lire ce qui suit. C’est un peu en vrac, des instantanés pris pour ton picorage.

C’est le partage de ce que l’on peut faire en une semaine avec un vélo ; tu sais, cet appareil qui atteint l’équilibre quand on appuie sur une pédale, une fois à gauche, une fois à droite et qu’on recommence. Surtout, il faut recommencer !

Et puis, cela me ferait plaisir de te donner l’envie ; je rêve de moins de voitures.

On pourrait respirer mieux – l’air, l’espace -, ce qui est indispensable pour continuer d’équilibrer le vélo.

Ayant supprimé la voiture (sauf pour des locations) et roulé depuis deux ans à vélo, je me suis dit que les vacances méritaient le même moyen de transport.

En sachant que je ne suis pas sportif.

Mon vélo est un moyen de transport qui m’amène au travail –hiver comme été-, rapporte mes courses, livre les légumes de l’AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), m’emmène visiter.

A aucun moment, je ne m’entraîne. Il y a seulement accumulation de kilomètres.

La préparation était drôlement bien organisée : Une carte mentale commencée une semaine avant m’a permis de tout noter, d’éliminer, d’ajouter des choses. Ce qu’il fallait faire avant, ce qu’il fallait emporter. Tout était pensé ! En plus, avec la carte mentale, on peut regrouper les objets. Comme ça, avant de charger le vélo, chaque sacoche était déjà remplie : outils, vêtements, batteries, bouteilles d’eau…

Le jour du départ, en allées et venues entre l’ordinateur et le vélo, en moins d’une heure, tout était chargé et je suis parti à l’heure prévue.

À 15 heures, vers Pithiviers-le-vieil, j’ai découvert que j’avais oublié le casque… Acte manqué, probablement !

Buvons !

« Je bois pour oublier… » que j’ai soif quand il fait chaud. C’est-à-dire souvent.

Rien à voir avec ce qui précède. Il m’a fallu au moins quatre litres d’eau par jour pour éponger le soleil et la chaleur.

Mais pas de courbatures ! J’avais lu ce conseil et il est bon.

Le soleil était au rendez-vous.

J’ai mis quelques jours à comprendre que rouler au zénith était très bon pour décoller la peau du crâne (absence de casque ?) et celle du nez.

Et les nuages arrivent de préférence en fin d’après-midi quand le soleil décline.

Le vent aussi.

L’application météo l’annonçait mais personne ne dit qui laisse les fenêtres ouvertes.

Cela fait des courants d’air à 43km/h, parole d’application !

Et je vous annonce le résultat du calcul –ils ont des gros ordinateurs pour ça- de la vitesse du vent entre 14h et 17h, c’est 43km/h. Il y a aussi 63 mais moins souvent. Parfois c’est 4 ou 7. Éole est remarquablement programmé pour être toujours tout pile dans ces 4 nombres.

Durant ma balade, la pluie a été très bien organisée.

A chaque fois que je suis passé à Tours, il a plu, jamais longtemps. Ailleurs, c’est grand beau, vent parfois, mais pas de pluie.

Donc, chaque fois que je me suis trouvé suffisamment rafraîchi, j’ai quitté Tours et trouvé le soleil.

Comme la pluie n’était pas suffisante (Tours est une ville sympa, mais ce n’est pas là que je voulais rester), j’ai trouvé une autre solution.

Il y a des gens qui se sont réunis sur une application et qui propose une douche chaque soir.

En effet, le vélo est un appareil bizarre : Le matin, tu montes dessus ; tu es fade. Quel que soit le temps, le soir, tu est salé.

Et là, rien ne vaut la douche (qui consomme moins d’eau qu’un lavage de voiture. Et toc à ceux qui ne sentaient pas concernés par l’étiage 2017 ! Voir plus bas.

Comme en plus, ces gens ont mis un lit –avec des draps frais – juste à côté, c’est vraiment le pied pour récupérer.

L’application est AirBnB et j’ai rencontré plein de gens super sauf dans le cas où je ne les ai pas vus.

Et puis, il y a le dîner ou pas, mais toujours le petit déjeuner (tristement continental, mais bon !).

Voici mes villes-étapes : Ormoy, Rebréchien, Moquebaril, Pontlevoy, Veigné, Beuxes, Mazières de Touraine, Meung sur Loire, Ormoy.

Les routes prises sont celles de mes choix, de ma mémoire familiale et professionnelle de ces régions, de Google Maps, des agriculteurs…

Traverser le Pithiviérais permet de ne rencontrer personne sauf des éoliennes, des grosses cylindrées et des tracteurs, gros aussi.

C’est aussi une pub permanente pour Citroën : passer du chemin goudronné C3 à C2 puis à C1, si ce n’est pas de la pub !

J’ai trouvé C0 : Un propriétaire a écrit sur son chemin – existant au cadastre puisque cité par Google Maps – « propriété privée ». D’abord un tout petit panneau ; après, c’est panneaux de chaque côté de la route. Et les mêmes 50 mètres après.

Comme j’avais appris par d’autres panneaux, à l’entrée des communes, que les chasseurs contribuaient à l’écologie et à la sécurité, je n’ai pas insisté. Serait-ce un retour de féodalités ? Attention, cela ne concerne pas que la possession de territoires. Pourtant, il fut un temps où cette route fut un lieu de passage logique…

Sur la route, il y a aussi une odeur ou pas. Tu vas comprendre.

En m’arrêtant régulièrement (Il ne faut jamais boire 4 litres d’un coup ; sinon, on est obligé de s’arrêter encore plus…), sur le bord de la route, d’une rivière, d’un champ, j’écoute, je respire.

Il m’a fallu quelques jours pour noter une corrélation.

Des champs sont irrespirables : un produit chimique de compétition. A côté, le rayon Droguerie de mon hypermarché sentirait presque la –vraie – rose et le –vrai – réséda. Et dans ces lieux-là, entendez le silence ! Pas un bruit ! Seulement le vent.

Tiens ! Il manque les oiseaux. Bon, ce n’est pas l’heure ! C’est un endroit où il n’y a que des oiseaux qui ne chantent pas.

Par contre, dans d’autres lieux, tu entends les oiseaux, assis dans l’herbe. Des insectes se posent. Et l’odeur est beaucoup plus agréable.

Même si, globalement, ils ne sont pas très nombreux les oiseaux et les insectes.

Les lapins et les lièvres ont le même comportement. Une voiture ne les fait pas bouger. Par contre, le cycliste, si. Il doit dégager la même odeur que le chasseur à fusil.

On voit aussi de grands quadrupèdes du sanglier à la biche. Une fois, elle n’était plus aux abois, mais un corps sur le bord de la route, des trous dans le pelage et plus de tête. Décidément, le Pithiviérais… !

Sur le bord de la route, on trouve aussi –aplatis- le hérisson, le renard, le lapin, le pigeon, des passereaux ; aucune chance à la course contre la voiture.

Le cycliste n’a pas plus de chance, mais je n’en ai pas vu d’écrasés. Pourtant, les automobilistes font tout ce qu’ils peuvent, en particulier à l’heure de l’embauche entre Pontlevoy et Montrichard.

Dans les animaux, ceux qui ont l’air tranquille, sur l’eau, ce sont les cygnes et leurs cygnons ou cygneaux, – Choisissez ! Moi, je préfère cygneaux ; ça fait train – aussi laids que chez Andersen. Comme les canards qui trouvent toujours l’endroit où se rencontrer, ils appellent cela un coin et comme ils sont au moins deux, je vous laisse deviner ce que je vous donne à entendre… (humour de cycliste fatigué un jour venté !)

Le vélo du cycliste dépend dans sa progression de plein de facteurs dont le relief. Dans sa phase positive, il appelle cela descente qui ne demande pas de pédalage.

En bas, s’il ne s’arrête pas, c’est l’eau dans le fond de la vallée.

Sauf cette année, où il fait sec. L’étiage est sévère disent les panneaux municipaux. Donc, ne lavez pas votre voiture ! Vous noterez l’avantage subtil du vélo qui n’a pas de carrosserie salissante. Quoique la douche ait montré plus haut son utilité…

Toutefois, même par été sec, j’ai croisé des rivières : Cher, Indre, Vienne, Essonne, sans oublier les petits cours d’eau à la toponymie délicieuse, le Négron, le Cosson et autre Nahon. Poil au menton !

Et un fleuve, la Loire.

C’est toujours un fleuve –sauvage, disent les brochures- moins touché par l’homme, avec –toutefois- un saupoudrage de centrales nucléaires et autres détails…

Voici une illustration de mon parcours par les chiffres (si tu n’aimes pas, saute le paragraphe !) :

680km à 20km/h de moyenne. Cela a pris 17% de mon temps. Sur une semaine, cela fait peu.

Plus courte étape : 50km – Plus longue : 132km.

Un tiers du trajet (plus de 200km !) est dû à des kilomètres en plus, ce qui donne une mesure de mes erreurs de parcours et surtout de ma curiosité.

En voiture, selon Google Maps, j’aurais roulé 4% de mon temps, consommé 100€ de carburant. Et, ce n’est pas Google qui le dit mais moi, je n’aurais pas vu / rencontrés ce et ceux que j’ai vus. Pas respiré. Pas vu les nuages. Pas fait de photos. Pas gagné avec mon vélo. Pas… Pas encore convaincu ?

Le vélo emporte du poids. Celui du vélo dont on parle le plus et celui du cycliste, pourtant plus important.

Sur le vélo, au retour, j’ai trouvé plein de choses inutiles, en particulier du côté des vêtements. On pourrait considérer le papier comme inutile, mais ça je ne sais pas faire : je suis revenu avec plus de livres qu’emportés ! Fruits de la visite de la maison natale de François Rabelais.

En plus, mon vélo à assistance électrique a un moteur, une batterie et donc un chargeur ! Avec les bagages, l’eau, un casse-croûte, je suppose que cela devait donner dans les 30kg.

Il faut ajouter mes 20 000 jours, passés le 14 juillet, d’accumulation de nourritures, calories que mon corps ne brûle pas en totalité.

Je reviens sur l’utilité de l’assistance électrique du vélo.

Dans ce petit périple, j’ai rencontré Georges qui m’a parlé de ses routes vers la faïence hollandaise, celle qu’il préfère (Il a une amie, là-haut) : un vélo de 9kg + 1kg de bagage pour quelques jours. Spartiate mais très léger, donc.

Et nous avons évoqué le vent ou les descentes qui montent quand on n’est pas dans le bon sens…

En gros (ou plutôt en maigre), Georges emmène deux tiers de moins que moi en poids de matériel.

Mais j’ai apprécié l’assistance électrique par grand vent, en fin de journée ou sur les raidillons inattendus.

Mais l’écart de poids reste impressionnant.

Et puis pour faire 90km assistés, il faudrait plus d’une batterie ; ça devient lourd… Dans mon périple, j’ai passé la moitié du temps à rouler “à la main”, à la seule pédale, plutôt.

Ce soir, après une journée de repos, je n’ai pas de réponse.

Pour réussir à rentrer mes rencontres dans le timing, d’Orléans à Meung-sur-Loire, j’ai décidé de prendre le train. Avant, je suis allé en gare de Tours chercher un renseignement… avec mon vélo.

Les affichettes Vigipirate sont partout. J’ai accroché mon vélo à un banc et ai « laissé mes bagages sans surveillance » et « sans étiquette sur mes bagages».

Sans conséquence.

J’ai pris le train à 15h. La SNCF conseille le milieu d’après-midi. C’est gratuit pour le vélo.

Sur les neuf gares, j’ai vu passer dans le compartiment une vingtaine de personnes avec vélos. Il y a trois places prévues pour suspendre les vélos. À un moment, il y en avait 8. C’était l’été, il y avait de l’entraide, mais il n’y avait plus de place !

Avec quelques heures de recul, finalement, ce n’est pas si difficile de rouler à vélo !

Passer un cinquième du temps de ses journées pour voir autant de paysages, rencontrer autant de monde, prendre du recul, réfléchir, chanter : tout cela peut se faire sur un vélo et c’est enrichissant !

Commence par appuyer sur la pédale de gauche…

Et recommence !

La prochaine fois, tu viens aussi ?


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